BILLET D’HUMEUR #7

J’ai bien conscience que ces dernières semaines, j’ai un côté un peu hors sol. Je m’amuse de mes récits astrologiques pendant que la Grèce brûle ; pendant que les meurtres des quartiers font la une de toutes les télés ; que la canicule ne chauffe pas complètement cette année et qu’on se demande si on doit en être soulagé ou si c’est une promesse de pire pour demain ou après demain parce que c’est quand même la sécheresse un peu partout ; et que Macron… bon, à part changer son gouvernement pour se donner l’impression de servir à quelque chose, je sais pas ce que fait Macron, mais je crois pas trop me tromper en disant qu’il fait encore des conneries !
Bref, le monde va mal et je m’interroge sur la décence de mon bien-être si durement obtenu. Car oui, cette espèce de joie que je vous tartine à la gueule, c’est une joie très égoïste mais c’est aussi (et surtout!) une joie qui fait la nique et honneur à de nombreuses traversées du désert, montagnes russes qui n’en finissaient pas de descendre, noirceurs qui ne trouvaient plus leur éclat. Alors, j’ai envie d’égoïstement savourer ce petit grain de bonheur que je m’accorde, même si cela me met en décalage avec la réalité du monde.
Cette fois-ci, je passe mon tour ; pendant quelques semaines, j’arrête de me faire croire que je porte le monde sur mes épaules.
Et puis, pour ma défense, je suis pas si hors sol que ça, parce que je suis quand même au courant – en surface – de ce qui fait basculer le monde. Je reconnais néanmoins faire l’autruche, me voiler la face, mettre la poussière sous le tapis, des œillères, du fard à paupière, ou toute autre expression toute faite qui me permet de préserver mon nouvel équilibre.
Et pendant ce temps-là, écrire d’Astrologie, ça peut paraître un peu futile en ces heures sombres… Mais écrire d’astrologie, c’est ce qui m’a permis de tordre le coup à mes dernières peurs d’écritures, qui m’a autorisé à me reconnecter à mon élan créateur parti en prison (cf mon journal de bord #AstroWriter). Et puis écrire d’Astrologie, c’est aussi faire honneur à une certitude profonde : pour qui parle cette langue, pour qui ce langage est parlant, l’Astrologie est une voie de cheminement pour aller se guérir et, une fois réparé, pouvoir se mettre au service d’une opération de sauvetage plus vaste et plus globale : celle du monde.
Oui, oui, après avoir fait l’Autriche (sans la Hongrie), voilà je me proclame super-héroïne : je veux sauver le monde. Oui mais version colibri, en faisant ma part modeste et réaliste (parce que sinon, je suis bonne pour trente ans de thérapie supplémentaire), pleine de la foi qu’a force de colibris, un géant de terre, d’océan, d’humains, d’animaux œuvrera de concert pour la préservation de ce même géant de terre, d’océans, d’humains, d’animaux.
Et puis, en passant par l’Astrologie, en écrivant pour le fun, sans prétention et avec légèreté malgré un timing serré, en débloquant les démons de ma plume, je suis finalement prête à écrire sur les femmes dans la révolution, plus engagé plus engageant. Parce que la vie, finalement, n’est ni bleu, ni rose ; elle est arc-en-ciel, et mes 12 nouvelles sont part du multicolore de ma vie au même titre les Françaises en Révolution ou en Résistance.
Parce que, même si je mets sous silence le reste du monde, j’ai quand même envie de vous partager ma joie éclatante, brûlante, qui ne tient qu’à un coup de crayon et un peu d’imagination, de créer avec fougue et passion comme je ne me sentais plus capable de créer depuis, je le réalise aujourd’hui, au moins sept ans.
Parce que, même si je mets sous silence le reste du monde, j’ai quand même envie de vous partager ma joie toute simple, un peu bête, qui ne tient qu’à un rayon de soleil et un grain de sable, d’être tout simplement.
Même si le monde est imparfait et qu’il fait si mal à l’âme souvent.
Aujourd’hui, je me sens capable d’être imparfaitement moi-même, hypothétiquement heureuse, pleinement créatrice, dans ce monde d’aujourd’hui qui ne fait que foutre des dérouillées au monde de demain. Et qui sait, avec un peu de chance et d’utopie, on est tous, à notre manière, en train de lui fabriquer les pansements adaptés pour assurer son avenir…
L’espoir fait vivre, je sais… Et pourquoi pas ?

Justine T.Annezo – 5 août 2023 – GTM+2
Une réflexion sur “Sur le silence du monde”