Avec Mary

Vouloir juger quelqu’un subjugué par la passion serait aussi absurde que de demander des comptes à un orage ou traduire en justice un volcan.

Stefan Zweig

J’ai lu dans un roman que le temps qu’il fait à notre naissance sera le nôtre pour toute notre vie, notre temps à nous. Je suis née par une nuit de tempête. Tout commença un soir où le vent d’autan soufflait très fort, annonçant les prémices d’une longue nuit de douleur et d’espoir. Au petit matin pluvieux, le vent fou ayant pleuré toute la nuit, je scrutais pour la première fois ce monde nouveau pour moi. La vie m’attendait.
Depuis quelques années, depuis l’Irlande, la pluie et le vent sont devenus mes compagnons les plus attendus lorsque je suis en voyage, lorsque je suis immobile. Ils l’étaient déjà certainement bien avant mais je ne l’ai compris que tardivement. L’automne est la saison de mon éclosion. A présent que je le sais, je passe des nuits entières sans sommeil à écouter le vent souffler en haut de mes étages, à entendre les âmes s’envoler, à rêver que ce sont les lamentations des morts que j’entends dans mon demi-sommeil. A présent que je le sais, je recherche ce temps d’automne quand il me faut me retrouver.