Justine. n.f (1989 ; du latin « justinus »)

Nom propre. Dérivé du prénom Justina qui vient du mot latin justus ou justinus qui signifient « juste » ou « raisonnable ».

En 2019, par un mois de juillet irlandais, je mettais en ligne pour la première fois les pensées qui habitaient mes Mondes Fugaces. J’y rangeais le souvenir de voyages passés mais, surtout, j’y rythmais le déroulement de mon épopée intime et internationale la nommant CHRYSALIDE, en pleine conscience et comme un vœu sincère lancé à l’Univers.

J’aspirais à la métamorphose de l’invisible et du visible qui me composaient.

Cette grande métamorphose a œuvré ; elle est passée, à ma grande surprise après tant de courses en avant, par beaucoup d’immobilité. Je n’ai pas fait dans l’originalité. C’était à mon insu de mon plein gré. Comme la totalité des gens sur cette planète. On a mis le monde sur pause, de façon plus ou moins brutale et drastique ; et je n’ai eu d’autres choix que de m’arrêter. Mon moyen de prédilection pour décortiquer ce qui me constituait, l’exploration compulsive de l’Ailleurs, n’était plus à ma portée. Je ne pouvais plus me passer au microscope à travers le prisme du macromonde. Alors j’ai regardé en dedans. Et j’ai redécouvert une autre forme de vagabondage. Parce que parfois les voyages se font autrement. Parce que souvent les Odyssées sont intérieures.

Ainsi, cette grande métamorphose a œuvré et j’ai ressenti le besoin de métamorphoser les couleurs de cette toile d’écriture que j’avais tissée au fil de mes périples mutables et immuables. Je l’avais d’ailleurs annoncé en grande pompes, je voulais laisser mon chant en jachère.

Et je fus la première surprise de vous revenir si vite.

Aux premiers jours de 2022, je me lançais dans le remodelage de cette maison virtuelle dans laquelle j’ai diffusé mes écrits en commençant par ce nouveau portrait de moi. Parce que c’est probablement une incapacité à me présenter pleinement qui avait fini par creuser un fossé entre ce refuge que j’avais souhaité créer à mon image, et moi. Il m’a été difficile de me décrire ces dernières années, de répondre à cette question de première approche : « Tu fais quoi dans la vie ? » C’était un casse-tête qui me pinçait un peu le cœur à chaque fois : je savais ce que je ne faisais plus mais ce « plus » faisait encore partie de moi, je savais ce que j’avais envie de faire mais je ne faisais rien selon les définitions qu’on attendait de moi ; ainsi, je me trouvais inéluctablement à raconter ma vie en long en large et en travers comme une longue justification parce que je n’avais pas mis la main sur le mot qui me résumait. Il y a un an an je trouvais, non pas un seul mot, mais une petite enfilade de lettres qui, mises bout à bout, ressemblent à ce qui me paraît être le meilleur résumé de moi-même :

Créatrice d’échappées (im)mobiles, intérieures et artistiques

Au premières heures de 2023, je viens compléter cette définition d’un mot devenu très à la mode : je suis *SLASHEUSE*, auteure *slash* voyageuse *slash* théâtreuse *slash* transmetteuse *slash* astroleuse ! Vous conviendrez que c’est beaucoup plus poétique de dire que je suis « Créatrice d’échappées (im)mobiles, intérieures et artistiques ».

Alors où suis-je finalement ?

Je viens du théâtre dans lequel j’ai appris à Être, sur les planches duquel j’ai écrit/vécu/organisé la vie d’autres que moi.
Je viens de l’Autre Bout du Monde où j’appréhendais les mondes qui nous renversent et nous révèlent l’infinité de versions de nous-même.
Je viens de la bibliothèque de la vie, éternelle étudiante de l’Histoire avec un grand H et des territoires qui fleurissent.
Je viens de la Tour de Babylone, amoureuse des langues étrangères, Ô Anglais Mon Amour.

Et je vis ma vie nomade attachée à un port d’amarrage. Pour toujours Voyageuse. Immobile parfois.

Créatrice d’échappées (im)mobiles, intérieures et artistiques, voilà qui je suis finalement pour faire pétiller mes 5 slashs sur une rime en -euse!

Justine

Si le voyage est devenu l’essence de mes errances poétiques, c’est parce que j’adore l’idée de m’essayer à ce que j’aimerais appeler l’Impressionnisme de l’écriture… Lorsque le courant pictural est né au milieu du XIXème siècle, il s’agissait pour les peintres de noter leurs impressions fugaces, la mobilité des phénomènes plutôt que l’aspect stable et conceptuel des choses. Ainsi, lorsque j’écris sur les paysages, les rencontres, les endroits de mes vagabondages, je tente de transcrire ma sensation éphémère, je pioche au hasard les mots qui me transpercent et qui par un curieux phénomène sont un fragment ou l’entièreté de ce que j’ai vu, entendu, senti. L’aspect stable et conceptuel des choses importe peu. Ce qui est jeté sur le papier n’est qu’Impression soleil des nuées. Ce qui demeure est une invitation au voyage pour qui me lit et me comprend.

Ma définition de l’écriture – New Ross, Juillet 2019