Entre deux vents

Tout aujourd’hui ressemble à un début. Nous sommes le premier jour du mois d’août, la nouvelle lune vient d’atteindre son apogée et Lughnasa va allumer ses feux celtiques. C’est le temps irlandais de la trêve, c’est le temps irlandais de l’amour…
Cette fois-ci, je m’en vais véritablement. Cette fois-ci, c’est le nouvel inconnu qui me rencontre, non sans un clin d’œil à mes voyages passés : en septembre dernier, alors que je quittais le Canada après mon nouveau début compromis, je suis passée par Reykjavik puis Dublin, comme une prophétie invisible de ce qui attendait mes nouvelles aventures au prochain tournant. Ainsi, aujourd’hui, je quitte Dublin et l’Irlande, consciencieusement, avec le souvenir de ma prière d’alors à ma terre d’adoption au passage : l’Irlande a rempli sa mission tout au long de l’année, au cours de mes allers et retours choisis, l’Irlande a renforcé chacun de mes muscles et de mes pensées, l’Irlande a recollé les morceaux de mon être créant une nouvelle version de moi-même. A présent, je suis prête.
Je ne sais pas véritablement quelle valeur ce voyage infini contient, est-ce bien un nouveau début même si je n’enracine nulle part ? ou alors est-ce un moyen ? une transition ? Quoiqu’il en soit cela existe, c’est enfin réel. Et j’ai une dernière pensée irlandaise avant de laisser cette île magnifique là où elle est, avec mon âme plantée en son milieu : Anne m’a parlé hier d’une location dans le Donegal et ce matin, il y a comme une évidence que ça pourrait être l’endroit irlandais où j’aimerais envisager de planter mes nouvelles racines… Peut-être est-ce là-bas que j’achèverai mes errances ?
Mon être est en questionnement permanent mais je m’envole, je dis au-revoir à l’Irlande, mon amie, ma confidente, ma terre promise, mon autre maison. Je la regarde de l’autre côté du hublot, je contemple mon premier amour de voyage, mon amour immortel. Je pars. Je vais transpercer la nouvelle lune en plein vol. Je pars et je ne sais rien de l’Islande. En ce jeudi 1er août, ma vie n’en finit pas de (re)commencer.

Justine T.Annezo — Dublin, 1er août 2019 – GTM+2


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