Comme un coup d’j’t’aime

BILLET D’HUMEUR #8

Jeudi 21 septembre 2023, je me suis réveillée bouleversée. Enfin, c’était pas tout à fait mon état premier, mais les premières minutes de mon éveil ont été bouleversantes.

J’ai écouté les mots de Felix Radu et j’ai été cueillie.

Aussi bien par sa poésie que par l’heureux hasard de cette chronique déposée dans l’une de mes messageries électroniques.

Il y a quelques mois, alors que l’on m’a proposé d’écrire la critique d’un livre, j’ai fait une razzia en librairie sur la base de toutes les couvertures qui m’avaient attrapée l’œil au cours des derniers mois. L’une de celles-là était la pièce de théâtre de Felix Radu, Rose & Massimo – la couverture était belle et l’histoire d’amour qui résonne un peu comme Roméo & Juliette a fait flancher mon petit cœur. Comme c’est un autre écrit qui a eu la préférence de mon analyse – Résistances Poétiques de Cyril Dion -, j’ai reporté ma lecture qui m’est retombée sur la table de chevet il y a quelques semaines. Dans le lit d’un dimanche soir de fin d’été, je me suis enfin laissée prendre par la poésie simple de ces deux âmes qui tombent amoureuses en un éclair…

Tombe-t-on aussi vite dans la vie ? De l’extérieur, ça a toujours l’air trop rapide alors que de l’intérieur, on est aux prises d’une tempête qu’aucun mot ne saurait décrire… Sauf ceux de Felix Radu ! Peut-être parce qu’il n’essaie jamais d’être grandiloquent justement.

Mais je me disperse !

Malgré l’émotion de ces discours amoureux, je n’ai pas fini la pièce de théâtre ce soir-là et je n’ai pas eu le temps de m’y replonger depuis.

Mais jeudi matin, ma mère m’a partagé une chronique de Felix – ce parfait inconnu pour elle, ce rendez-vous inattendu pour moi – qui parlait encore une fois si bien d’amour. Qui se déclarait au bord d’une table de radio/bistrot et qui m’a bouleversée. Il décrivait si parfaitement et simplement tout ce qui se passe dans la tête d’un amoureux – ou d’une amoureuse d’ailleurs – au moment de la rencontre, ce que l’on voudrait dire et qu’on n’ose pas, ce que l’on a préparé et qui nous échappe autrement. L’imprévisible de ce qui nous renverse.

Jeudi matin, j’ai entendu le coup de foudre de quelqu’un d’autre, le coup de foudre qui aurait pu être le mien, qui a été le mien en certaines occasions, le coup de foudre qui a pu transpercer chacun de nous finalement ; et j’ai été bouleversée. Comme si j’avais une poche pleine d’amour que j’avais oubliée quelque part à l’intérieur de moi. Comme s’il y avait des émotions absentes depuis quelques temps dans l’arc-en-ciel de mon ressenti.

Alors, comme une addict’ aux mots d’amour, je me soûle à Felix Radu depuis… Ici, Alfred de Musset a tort, le flacon importe pour mon ivresse ! Je lui ai même fait une petite déclaration sur les réseaux. Pudique et un peu empruntée. Parce qu’en plus de ces mots que j’aurais voulu entendre, que j’aurais envie d’écrire, que je me languis de vivre. J’ai été surprise par un autre hasard.

Une lettre que Felix a écrit, en juillet 2020, à l’enfant qu’il n’a pas encore (et dont je suis incapable de trouver le lien pour vous le partager au moment où je vous écris).

Six mois plus tard, sans le connaître, sans l’avoir lu, j’écrivais une lettre similaire remisée aux oubliettes depuis, qui sortira peut-être en d’autres temps.

Est-ce que tout le monde a écrit cette lettre-là à ce moment-là ?

J’ai la sensation d’avoir trouvé mon Alter Ego des mots. Et pas seulement par le fond mais aussi par la forme. Il les fait s’amuser entre eux par leurs assonances et leurs allitérations, par leurs ressemblances et leurs réverbérations, en jeux similaires aux miens. J’ai même frôlé le coup d’amour quand je l’ai entendu, dans l’une de ses chroniques, « faire l’Autriche » ou presque, comme moi il y a quelques semaines.

Je me trouve un peu présomptueuse de parler d’Alter Ego. Ca ternit un peu mon admiration. Comme si j’écrivais ces mots pour mieux m’envoyer des fleurs. Mais je ne le dis pas avec mon égo, je l’écris avec mon cœur. Parce qu’il écrit comme je pense. Parce qu’il aime comme je ne l’ose.

Et c’est vrai aussi que je me plais à espérer que nos plumes – peut-être comme les plumes de phénix jumelles des baguettes d’Harry Potter – seraient un peu sœurs parce que muées par les mêmes aspirations.

Mais ce n’est pas là, l’essentiel.

L’essentiel, c’est qu’il fait s’amuser les mots entre eux par leurs assonances et leurs allitérations, par leurs ressemblances et leurs réverbérations, d’une façon qui embellit la vie. Qui rend les expressions les plus banales extraordinaires. Qui transforme les scènes ordinaires en merveilleux terrains de jeu. D’une façon qui nous fait sourire parce que c’est exactement ce qu’on ressent, ou pourrait ressentir, en tant qu’Être extraordinairement banal, merveilleusement ordinaire.

L’essentiel, c’est tout ce que sa poésie éveille en moi.

Jouant le rôle vers lequel chaque artiste tend. Muant les émotions que chaque Être recherche.

Sa poésie fabrique une bulle hors du temps avec les mots les plus quotidiens, elle créé une respiration de bonheur dans un matin gris, elle inspire une promesse éphémère par son innocence malicieuse.

Rien que d’y penser, j’en suis toute retournée.

Alors ce soir, même si le journal Libération ne me l’a pas demandé, j’écris ma propre librairie éphémère pour vanter la plume de Felix Radu.

Il écrit d’amour à tomber amoureuse. De lui un peu. – Parce que son point de vue, il l’a clairement écrit pour moi même s’il est pas au courant. – De l’amour beaucoup. – Si j’osais faire une allusion astrologique, je dirais qu’il est le parfait archétype de son signe solaire mais je ne voudrais pas me disperser encore plus. – Il écrit d’amour comme je n’ose pas le vivre en public. Quand je le lis, quand je l’entends, je me dis que c’est tellement beau. D’oser comme il ose.

Aimer. Ecrire. Ecrire qu’il a envie d’aimer. Aimer comme il a envie d’écrire.

Il ose toutes les choses niaises qui ne le sont plus du tout sous sa plume. Parce que tellement sincères. Et tellement vraies finalement. Il ose l’amour au quotidien pour le sublimer en poésie de la vie.

Qui parle d’amour aujourd’hui de façon aussi pure et sincère ? Personne ! L’amour heureux et simple, c’est pour les ringards ! Aspirer à l’amour, c’est pour les nuls !

C’est ça, je crois, qui me bouleverse : il aime heureux ! Il aime pas torturé. Bien-sûr, il confie quelques déconvenues, mais c’est toujours joyeux. Il cite Baudelaire, Musset, Rimbaud, mais sa quête d’amour est tellement plus lumineuse. C’est une ode à l’espérance. On sort de là et on a envie d’y croire. Vraiment.

On sort de là et on a envie d’oser. Vraiment.

Oser écrire d’amour comme lui. Oser vivre d’amour comme lui.

Alors ça vaut bien une petite déclaration. Même pudique et empruntée. Ca vaut bien d’oser à son tour. Un jour.

Maintenant ? Demain ?

Bientôt!

Allez, j’vous laisse, je vais me prendre un petit shoot de Felix Radu, je vais finir Rose & Massimo.

PS : Alors que je relis indéfiniment ce billet pour trouver le mot juste pour mon sentiment, je suis frappée. En juin, je me concentrais sur les Résistances Poétiques de quelqu’un autre, qui faisaient écho aux Résistantes! qui m’ont inspirée il y a dix ans. Aujourd’hui, je me laisse bouleversée par Rose & Massimo qui pourraient être Roméo & Juliette, un rendez-vous marquant de ma vie de comédienne il y a huit ans. Serais-je en train de faire un pèlerinage de moi-même ?

Justine T.Annezo – 25 septembre 2023 – GTM+2


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