CARTE BLANCHE #5

Je préfère les matins d’automne aux matins de printemps
Au printemps, on a hâte de se dénuder
On se met une petite laine sur la robe qu’on ose mettre pour la première fois sans collant malgré la chair de poule qui s’estampe
A l’automne, on a hâte de se rhabiller
On enfile le pull un peu trop épais sur le jean qui tiendra trop chaud dans deux heures
On met l’écharpe qui nous a tant manqué
Au printemps, le gracile grain de peau vacille dans le premier soleil de l’année
A l’automne, le halé grain de peau brille dans un dernier espoir ensoleillé
Je préfère les matins d’automne aux matins de printemps
J’aime la fraîcheur de la nuit qui les imprime encore
Comme un nuage de brume qui s’échappe de nos mots
J’aime le bruit qu’ils font
La course des enfants sur le chemin de l’école
Tout neufs tout propres tout dorés
Même quand ils ont regardé l’été
depuis la cour bitumée du centre aéré
Le bruissement de la vile qui reprend vie
Toute fière toute belle toute poudrée
De retrouver les passants qui ne passaient plus
Le rire des terrasses au bord d’un café
Remplies Vivantes Ensoleillées
Pour faire durer les vacances jusqu’à novembre
Je préfère les matins d’automne aux matins de printemps
J’aime l’éclat du Soleil qui les colore
Comme les feuilles qu’il embrase
Comme les âmes qu’il embrasse
Comme les heures qu’il effiloche
J’aime les souvenirs qu’ils chantent
Les promesses qu’ils allument
La vie qu’ils inspirent
Je préfère les matins d’automne aux matins de printemps
Justine T. Annezo – 24 août 2024 – GTM+2