La Maison du bonheur

portrait quebecois

J’ai rencontré Catherine et Jean-Philippe il y a 7 ans, alors que je faisais du workaway chez eux, je m’occupais de leur 3 enfants âgés de 1, 5 et 7 ans. A ce moment-là, je rêvais de m’installer au Canada : je faisais donc un voyage de repérage pour vérifier que c’était la bonne destination pour moi. C’était une période vraiment difficile. J’étais en pleine tempête, contorsionnée par l’urgence angoissée de me sauver, et ils ont tous deux écouté, sans jugement et avec attention, mes tentatives plus ou moins folles, plus ou moins claires, pour y arriver (ou moins essayer).

A ce moment-là, je n’étais pas prête à recevoir pleinement leur gentillesse extrême, leur bienveillance simple. Même si je me souviens avec certitude (et pourtant, beaucoup de choses de ce premier séjour sont floues) du sentiment de protection que j’ai ressenti à leur côté. Aujourd’hui, avec le recul, je mesure la précieuse réparation qu’ils m’ont offerte alors : ils m’ont adoptée quand j’étais au plus mal, ils m’ont acceptée dans la version la moins aimable de ce que j’étais. Et pour cela, je leur suis reconnaissante au-delà des mots.

Découvrir mes premières aventures canadiennes

7 ans plus tard, mon retour dans leur cocon à la fois protecteur et ouvert sur le monde me donne la sensation d’une 2nde chance, d’une percée vers d’autres possibles. Simplement à leur contact, je m’offre l’opportunité de mettre en perspective ces dernières années par le comparatif d’expériences semblables.

Il est difficile de mettre en mot avec exactitude la joie, le sentiment de plénitude, la paix qui circule dans les veines comme un courant réconfortant simplement d’être à leurs côtés. 

Il m’est plus facile en revanche, d’écrire les gens qui ont participé à ce sentiment pendant une semaine. 

Le pont vers cette maison du bonheur, c’est bien-sûr Catherine. Avec qui j’ai échangé à distance au fil des années. Avec qui j’ai découvert le véritable sens de correspondance. Et que je suis heureuse de retrouver dans sa vraie vie, dans son rôle de mère investie, de femme travailleuse, d’amie drôle, de lectrice assidue, de curieuse insatiable, d’inspiratrice née, semant sur notre passage des blagues pas très vegan mais toujours propices au rire fou… Observer Catherine vivre, c’est une ode à la simplicité dans le sens le plus pur du mot : tout ce qui pourrait paraître insurmontable – quel que soit le plan physique, émotionnel, psychologique -, Catherine, par son expérience, son approche sincère et optimiste, démontre que c’est à portée de cœur. Attention, pas dans l’optique désagréable que seule Wonder Woman est en compétence d’un tel exploit qui resterait inatteignable au commun des mortels (bien que Wonder Woman ait beaucoup à apprendre de Catherine !), mais plutôt avec l’agréable sensation que tout est possible, que l’impossible n’existe même pas, si on s’y lance avec le cœur (et beaucoup d’organisation !).

Puis, il y a Jean-Philippe, « Juan Felipe » pour les radiophonistes, et la sensation de l’avoir véritablement rencontré cet été. J’étais un coup de vent la première fois et il travaillait beaucoup, je n’avais pas eu le plaisir d’échanger autant avec lui. Cette fois-ci, j’ai eu la chance de voir se lever, un à un, les voiles de sa personnalité et de son histoire. Car oui, Jean Philippe a cet étrange pouvoir, d’être à la fois extrêmement accessible et complètement mystérieux… et s’il me lit, il saura que tout ça s’explique dans ses étoiles ! Ce qui est sûr, c’est que chacun de ses mots – et il les pèse précautionneusement car « il faut préserver la langue » -, que ce soit pour la blague ou pour le cœur, font mouche, enveloppent d’un sentiment d’être entendue, irradient dans un grand éclat de rire.

Puis, il y a le trio d’enfants. Des êtres en devenir à mon premier passage, (déjà) devenus aujourd’hui des êtres à part entière du haut de leur 13, 11 et 7 ans. Avec chacun.e leur personnalité plus définie, avec chacun.e leurs rôles choisis. Emrik, le courant d’air qui découvre l’adolescence et qui ne se sent bien qu’avec un poisson au bout d’une ligne. Elya, l’âme sensible sous ses airs nonchalants, l’artiste sous ses éclats de rire. Ethan, le grand sage dans un corps d’enfant, l’œil averti et pertinent en toutes circonstances.

Puis il y a toujours l’éternel.le invité.e, représentative de la curiosité insatiable, mêlée à un sens incomparable de l’accueil, de cette famille : le monde qui rentre dans leur salon grâce à workaway. Ma « remplacante » était espagnole, Inma (pour Inmaculada), polyglotte et professeure, elle nous a parsemé de sa présence gracile, de son intelligence gracieuse.

Et il y a aussi tous les intermittent.e.s de leur vie que je ne saurais compter. Car c’est cela aussi entrer dans la vie de Catherine et de Jean Philippe : c’est être adoptée par les ami.e.s, voisin.e.s, familles, qui composent leur environnement joyeux.

Karl (ou Carl, je ne saurais dire) et sa liste de célibataires plus ou moins éligibles pour me marier au Québec. Mémé Yvonne et ses histoires à écouter assis, ses avis sans détours sur la vie, parce que les descriptions, ça va un moment : de l’action, non d’une bobette ! Les papys timbrés qui me font penser au mien : les mots sont soigneusement choisis et qu’est-ce-qu’ils sont drôles ! Alessandro, le pro de la pizza et du fou rire intempestif (oui parce qu’apparemment, n’en déplaise à mes plus fidèles détractrices qui se reconnaitront : au Québec, je suis – très – drôle ! ). Anne-Marie et son oreille précise, attentive qui autorise à se livrer sans arrière pensée. 

Une ribambelle d’êtres colorés dont le lien inaltérable est définitivement le couple aimant et aimé, représenté par Catherine et Jean-Philippe (et dont il y aurait aussi tant à écrire tant ils sont beaux de leur amour inaltérable). Je les ai observé vivre pendant une semaine et j’ai réussi à les mettre en mot d’une façon qui m’a remplie d’espérance : leur vie n’est pas parfaite, elle est mieux, elle est possible. Et c’est avec des possibles que l’on construit la maison du bonheur !

Ainsi, que Catherine sache qu’elle remplit pleinement sa mission : elle et toute famille diffusent un espoir brillant qui résonne au plus secret de mon âme.

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