CARTE BLANCHE #14

Ce mot d’ailleurs.
Ce mot intraduisible et pourtant si familier.
Si représentatif.
De ce qu’elle sent. De ce qu’elle est. De ce qu’elle veut.
Ce désir d’ailleurs.
De respirer un autre oxygène. D’être sur une autre terre. D’entendre une autre langue. De voir une autre sphère.
Wanderlust.
L’envie d’ailleurs.
L’envie d’aimer.
Deux appels parallèles. Indissociables. La poussant à la prochaine frontière, la jetant dans les bras de son ultime vertige. Elle ne pensait pas, ne planifiait pas, ne négociait pas ; elle volait au devant de son désir.
Puis, elle fut clouée.
Au sol.
A l’immobilité.
A la solitude.
A sa propre pensée.
Elle ne pouvait plus fuir vers ses amours désordonnées. Impossibles. Inavouées.
Il lui fallait se poser. Se reposer.
Se refléter dans la psyché. De son âme. De son miroir intégral. Se regarder de haut en bas, en dedans en dehors, à l’envers à l’endroit, conscient inconscient.
Tout y est passé !
Wanderlust. L’appel de l’ailleurs, l’appel de l’amour.
Pourtant… Toujours. Plus ou moins urgent. Plus ou moins prégnant.
Murmurait à son cœur.
Elle repartait, lâchait du lest, remettait les voiles. Avec furie et trompette. En quête de sa prochaine aventure. Pleine de sa prochaine leçon.
Combien de kilomètres d’amour à contre-sens, à sens unique, en cul de poule ou en cul de sac, à pleine vitesse ou en marche arrière, a-t-elle parcouru pour en arriver là ? Immobile mais muable. Inflexible mais mutable.
Combien de kilomètres tout court a-t-elle pédalés, volés, conduits, amarrés… Pour chevaucher sa vie. Son amour. Son aventure. Sa quête d’amour et d’aventure.
Combien de miles a-t-elle avalés, respirés, incarnés… Pour glaner tous les mots qui se mettraient en maux. Ou bien est-ce le contraire ? Pour penser tous les sentiments. Pour panser tous les scintillements.
Combien de nœuds a-t-elle étudiés, décryptés… Pour retrouver le point zéro ? pour comprendre les répétitions derrière les histoires ? pour débusquer les peurs derrières les attentes ? pour révéler les projections derrière les écrans ?
Combien de tempêtes a-t-elle essuyées… Pour parfaire son équilibre ? Pour trouver ce qu’elle ne cherchait pas. Pour rencontrer ce qui l’attendait.
Parfois, c’est dans l’arrêt que l’on s’évade. C’est dans le suspens que l’on tombe.
Parfois l’ailleurs est juste ici. Parfois l’amour est juste là.
Wanderlust.
Justine T. Annezo – 24 novembre 2025 – GTM+1