Le chant de la nuit

CARTE BLANCHE #6

Depuis quelques jours, j’entends le hibou à ma fenêtre. Ou peut-être est-ce une chouette ? Son chant s’entrelace à la nouvelle fraîcheur nocturne et me raconte des histoires dont je ne connais pas la fin. Ni le début d’ailleurs.

J’imagine qu’il a des choses à dire, ce hibou sur son arbre perché – Ou peut-être est-ce une chouette ? -, des choses qu’il a tues tout l’été, rendu muet par les trop grosses chaleurs.

Je me réjouis qu’il ait choisi mon oreille pour confier ses secrets, j’aime le rendez-vous que nous prenons avant que mes fenêtres ne se ferment sur le crépuscule pour laisser l’espace à mes rêves. Je ne comprends pas tous ses « hou » mais je m’émerveille de sa façon d’habiter la nuit, invisible. Je ne sais où le trouver, encore moins où le chercher, mais je l’entends et c’est tout ce qui compte.

Il tient compagnie à mes nuits sans sommeil, à mes nuits noires, à mes nuits vagabondes, à mes nuits absentes.

Il veille sur mes carnets ouverts sur mon bureau, il danse avec les loupiotes éteintes sur mon balcon, il garde mes inspirations bien rangées dans mon imagination.

Depuis quelques minutes, le hibou s’est tu à mon oreille. Ou peut-être est-ce une chouette ? Le claquement de mes mots sur mon clavier aurait-il perturbé son ode ? Intimidé par cette prose qu’il m’instille, il attend mon silence pour me partager ses derniers mystères par cette nuit sans lune.

Justine T.Annezo – 30 août 2024 – GTM+2


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