Last glimpse of summer

VOYAGEUSE INTEMPESTIVE – Ep. 6

Partir à l’océan pour dire au-revoir à l’été…

Partir à l’océan pour s’installer hors du temps l’espace d’un court instant…

Partir à l’océan et collectionner les sensations comme on ramasserait des coquillages…

Le couloir de lumière sur la houle endormie. Le couloir de soleil qui n’est plus qu’un halo inaccessible au loin. La boussole de mon cœur et de mon bras désignant l’horizon, appelant l’inconnu. Le rire des mouettes entre les camaïeux de nuages illuminés. Des voyelles éparses de paysages. Des consonnes entrelacées pour reproduire le chant des vagues, la couleur du ressac. La marée qui vient creuser la roche et qui, dans cette danse, chuchote tous ses soupirs, charrie tous nos souvenirs. L’écume qui protège la transparence entre le ciel et la mer. Le sel qui s’accroche à chaque grain de peau, à chaque fil de cheveu. L’eau qui m’enveloppe comme une seconde peau, comme si je lui appartenais. L’océan contenu dans une larme. De joie. D’émotion. De rire. Les fragments de pierres au milieu de l’eau comme les restes d’un château de sable construit par les Géants. Les mots glanés entre les rouleaux des vagues pour en faire une chanson. Ou un tableau. Ou une impression. Ou essayer.

Partir à l’océan…

Avec un carnet, le chant des sirènes, le vent dans les cheveux, le soleil dans les yeux et un flot de mémoires offertes à mon cœur salé, à mon âme embrumée.

Partir à l’océan…

Et célébrer cet été qui ressemble à tous mes désirs, à tous mes vœux, à tous mes rêves, pour ne faire plus qu’une avec moi-même.

Partir à l’océan…

Et retrouver le goût de la lecture. Le vrai. Lire les mots qui racontent exactement ce que l’on ressent d’indicible, ce qui nous passe par la tête de bordélique. Lire dans une autre langue par qui la poésie de la sienne semble parfois vaine. Il n’y a pas la traduction pour cette phrase qui dit exactement le sentiment amoureux : She didn’t stir, but she might have, inwardly, altered. C’est intraduisible ! C’est le mouvement invisible de l’explosion intérieure. C’est l’inspiration exacte qui me fait aimer la littérature.

Partir à l’océan, vers cet ailleurs si prêt, cette immensité qui m’appelle de l’autre côté de l’horizon. Partir à l’océan, sur ce petit morceau de France que j’ai appelé un jour chez moi. Partir à l’océan et, comme à chaque fois, me dire que j’ai envie de partir. Pour de bon cette fois. M’inscrire. Quelque part. Ailleurs que de là où je viens. Oui mais comment. Oui mais pour faire quoi. Oui mais avec qui.

Avec qui surtout…

Partir… Je ne me demande jamais où. N’importe où fera l’affaire pour découvrir l’inconnu, pour vivre l’impossible, pour entendre l’invincible.

Partir à l’océan et entrevoir the last glimpse of summer

Justine T.Annezo – 1er septembre 2024, Biarritz – GTM+2


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