Voyageuse intempestive – « Ich liebe Berlin » #3

Le soleil est bleu, le ciel brille… qui a dit qu’il faisait un temps de chiotte en Allemagne ? Sûrement moi!
Le soleil est bleu, le ciel brille… au moins pour l’instant ! C’est censé se couvrir, voire même pleuvoir, dans la journée. Il ne m’en faut pas plus pour me convaincre de prendre mon pass 3 jours pour les musées berlinois, de quoi donner raison à ma sœur sur ses à priori sur moi !
Mais en attendant, il fait un magnifique soleil printanier, bien plus tendre que celui que j’ai quitté à Toulouse. Je me laisse donc diriger par les arbres en fleurs jusqu’à atteindre les bords de la Spree, jusqu’à me trouver au coeur de la Museumsinsel !
Quelle folie, ce parterre de musées tous plus gigantesques les uns que les autres, représentatifs d’une volonté impériale -prussienne ou allemande, je m’y perds – d’affirmer la grandeur de l’Allemagne, de la Prusse ou du Reich, que sais-je.
Je suis définitivement intimidée par les colonades.
Si ce n’est ces bâtiments tapageurs, j’apprécie mes promenades les bras nus et le cœur léger, jusqu’à finir, le ciel voilé (signal de mon rendez-vous avec la peinture), à l’entrée de la Alte Nationalgalerie, recueil de l’art allemand du 18-19ème siècle.
Comble de la joie, Caspar David Friedrich, mon peintre allemand préféré, m’attend au 3ème étage ! J’hésite à commencer par lui tant je suis enjouée, mais je préfère l’idée de le laisser être l’apogée de cette exploration. Au fil des salles, je m’amuse à reconnaître les impressionnistes français.
Au fil des salles, je me trouve sempiternellement attirée par les mêmes paysages : les « wolkenstudies« , les cieux d’aurore ou de tempêtes ; les « seestürme« , les marées à grandes écumes : et les roches dramatiques. Tout ce qui met en branle les éléments dans la peinture et mon âme, comme une meilleure représentation de mon humanité que n’importe quel portrait.
Puis le moment est enfin arrivé, je suis au 3ème étage : Caspar m’attend dans sa nuée de brume ! Sauf qu’il s’est enfui à New-York, Hambourg et même Berlin pour fêter ses 250 ans ; et que je suis en retard à Berlin pour sa fête d’anniversaire !
Je me contente de quelques tableaux éparses et des cartes souvenirs pour me rapprocher de lui, étrennant au passage ma première « conversation » allemande dont je ne suis pas peu fière !

Le soleil joue à cache cache avec les nuages et, après avoir piétiné dans un musée pendant deux heures, j’ai envie de me dégourdir les jambes.
Tant que le soleil brille, tant que mes pieds sont curieux, j’arpente au creux du Mitte. Du losange entièrement rénové de Nikolaiviertel à la version berlinoise et communiste de Time Square sur Alexander Platz, en passant par l’hôtel de ville… Le soleil rougit autant que la brique du Rotes Rathaus et je sens que l’heure de la bière m’appelle. Je me trouve alors dans le Berlin que j’imaginais – comme quoi j’avais tout de même quelque imagination – au bord d’une bière, pression cette fois-ci, dans une cour couverte d’autocollants, de tags plus ou moins figuratifs, un début de lieu berlinois alternatif.
Esseulée, je médite sur ma rencontre avec la ville…
Il y a toujours comme une distance entre le Berlinois et moi. Il n’est pas, comme qui dirait, ce qu’il y a de plus cordial. La froideur allemande ?
Le film qui, le premier, m’a appelée ici, Ich liebe Berlin m’aurait donc menti ? On m’a fait croire qu’on pouvait se croiser à n’importe quel coin de rue et tisser une rencontre ; alors que le guide du routard, ma bible de voyage, réserve un paragraphe spécial pour nous expliquer que les Allemands n’ont jamais appris l’art de la séduction… et la réalité aquiesse…!
[ Pourtant, l’Allemand aurait la génétique pour me plaire : la rousseur est de mise… Il a ça en commun avec l’Irlandais (en plus de la bière !)… ]
Mais sortie de cette digression aussi rousse que le ciel, je pensais plus à la rencontre en général, de l’amoureuse à la platonique. L’Irlande m’a mal habituée : on ne reste pas seul.e bien longtemps dans un pub, et ce en tout bien tout honneur ; alors qu’à Berlin, il y a définitivement une distance. On ne parle pas à des inconnus dans ce bar berlinois, là où c’est le sport préféré des Irlandais (après le rugby).
Je m’en remets donc à mon livre berlinois, choisi pour l’occasion sur les bons conseils de ma bible de voyage, qui malheureusement ne me convient pas… l’écriture, comme toujours, aura donc ma préférence !

Justine T.Annezo – 22 avril 2025, Quartier du MITTE, Berlin – GTM+2


















