Vivre sa vie pour la première fois

BILLET D’HUMEUR #19

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A ma sœur Sara, l’une des grandes sages de ma vie

On vit toutes et tous sa vie pour la première fois.

La phrase électrochoc de ma journée.

C’est une évidence, un lieu commun, une réalité indéniable. Et pourtant, elle étincelle comme un baume sur mon urgence. Comme une épiphanie sur mon trouble.

Pourquoi devrais-je prétendre que je fais tout ce que je fais avec sagesse, raison, maturité, recul, élévation, alors que je suis en réalité en train de vivre pour la première fois ? Et la première fois, souvent, on se trompe : des petits détails sont à ajuster, des gros mécanismes sont à réparer… Mais, dans le cas de la vie, il y a quand même une putain de pression : on vit tous notre vie pour la première ET la dernière fois ! Alors si on se rate c’est un peu foutu, non ?

Pourtant une autre phrase m’a aussi secoué les méninges dernièrement: « Suffering from dyslexia, I was set up for failure, so I don’t care. I try and I fail? Okay, I am used to it, let’s try again! »* Une telle désinvolture face à la notion très judéo-chrétienne d’échec est plus qu’inspirante, elle m’est nécessaire. C’est une philosophie de vie tellement aux antipodes de la mienne que j’en ai presque des sueurs froides rien de l’entendre. Une boule d’envie et de peur dans la gorge.

Car, pour ma part, je m’oblige à TOUT réussir du premier coup, à ne penser, dire, faire, agir, que lorsque je suis sûre de la perfection du geste (n.d.a : selon ma propre échelle de valeur, qui est plus exigeante que si quelqu’un d’autre posait la règle, soit dit en passant).

* SPOILER ALERT * Et pourtant, comme tout le monde, je me rate souvent !

Parfois, je me demande si c’est une déformation professionnelle : je vis ma vie pour l’écrire – quelle prétention ! – ; il faut donc qu’elle fasse bien sur le papier. Même si, en réalité, tout le monde attend la faille, se retrouve dans la faille.

On vit tous et toutes sa vie pour la première et la dernière fois alors autant la vivre, non ? Même si on se trompe ? Même si les objectifs ne répondent pas tout à fait aux intentions ? Même si les mood board font la gueule et que les tableaux de visualisation n’ont pas de fenêtre ? Mieux vaut la vivre pour la première et la dernière fois plutôt que d’attendre la perfection du geste qui, de toute façon, viendra se heurter à l’imperfection de la vie !

Soyons fous, soyons vivantes, rendons chaque moment le plus mémorable possible même d’une façon complètement immémorable.

Après tout, on vit toutes et tous sa vie pour la première fois.

Justine T.Annezo – 7 octobre 2025 – GTM+2

* « En tant que dyslexique, j’ai été conditionné pour l’échec, donc je m’en fous. J’essaie et que je me rate? Okay, j’ai l’habitude, essayons encore ! »


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