Changement de cap

VOYAGEUSE INTEMPESTIVE – PLAN AMERICAIN #4

Il y a toujours un moment en voyage où l’ailleurs devient mon ici. Et je ne parle pas du moment où j’atterris. C’est beaucoup plus subtil. L’ailleurs devient mon ici quand je n’ai plus les yeux rivés sur un plan pour me repérer quand je me balade, que j’adopte quelques menues habitudes.

Lorsque je rentre une dernière fois dans la bibliothèque nationale à Montréal pour ma dernière journée de recherches québécoises pour mon roman, cet exact sentiment que je suis « chez moi » m’etreint. Je me dirige d’un pas décidé vers les rayons qui abritent mes livres fétiches. De même, je reconnais les chemins et les rues à Montréal, sans nul besoin d’une boussole.

Cela veut donc qu’il est temps de partir pour la voyageuse que je suis… que j’étais ? C’était ce signal que je guettais, qui me redonnait le goût de partir par peur de m’encroûter et de retomber dans mes habitudes, mauvaises celles-là.

Ce qui est paradoxal, puisque cette sensation, lorsque l’inconnu et moi nous nous adoptons mutuellement, c’est aussi justement celle dont je suis en quête quand je voyage, celle que je préfère entre toutes. Cela me donne un sentiment d’appartenance. Aujourd’hui, il est temps de partir, non pas par besoin de bousculer cette sensation, mais parce que le billet est réservé et qu’un autre ailleurs, tout aussi connu que le premier, m’attend.

Ainsi, je m’envole une nouvelle fois, traversant le continent Nord Américain à vol d’oiseau, éblouie par sa beauté sans cesse renouvelleée. Emplie des merveilleux souvenirs recréés au Québec, nourrie des histoires plus ou moins anecdotiques pour écrire.