
Kay est la benjamine d’une famille irlandaise de dix enfants dont trois paires de jumeaux. Kay a fait des études de psychologie puis des études d’infirmière en Angleterre. Kay a passé la plus grande partie de sa vie en dehors de l’Irlande, parce qu’elle a beaucoup voyagé au-delà des océans, mais surtout parce qu’elle s’est installée au-delà des mers. Kay a quitté Dubaï il y a à peine un an, elle est rentrée au pays pour prendre soin de sa sœur aînée qui est malade. Mais comme Kay a la bougeotte et que sa personnalité haute en couleur ne s’accorde pas tout à fait à la rigueur irlandaise, Kay a transformé la maison de sa sœur en Bed & Breakfast il ya quelques mois. Que cela ne tienne, puisqu’elle ne peut plus parcourir le monde, c’est le monde qui viendra à elle. Ainsi, Kay accueille les voyageurs d’un week-end, les explorateurs d’une semaine et les travailleurs à l’année. Kay fut donc mon hôtesse pendant quinze jours et son B&B a parfaitement répondu aux besoins de mon séjour irlandais.
D’abord, parce que je me suis sentie comme la maison dans le confort de la petite maison sur deux étages et jardin à l’anglaise. Je me régalais d’un petit déjeuner familial qui variait selon l’humeur et l’imagination de Kay, je me prélassais dans l’herbe moelleuse et tendre si j’en avais le cœur et le soleil dans les nuages, j’explorais mes propres recettes à l’irlandaise et à partager dans la cuisine à laquelle j’avais accès, je refaisais le monde sur mon écran blanc d’écrivain dans la douceur de ma chambre avec vue sur le jardin.
Ensuite, parce que l’endroit est idéalement situé dans la petite bourgade de New Ross, comté de Wexford, parfaitement équidistant de Waterford et Wexford, les deux villes au racines vikings qui sont l’attraction de la région ; ce qui m’a permis de mieux explorer l’Ancient East dont les petits trésors m’étaient parfaitement inconnus. Je me suis plongée dans les méandres des invasions qui ont bouleversée l’Irlande à jamais dans le vent de Bannow Bay et sur les panneaux d’Histoire du musée médiéval de Waterford. J’ai rendu hommage aux insurgées de 1798 qui ont tenté de libérer leur île bien-aimée sur les vallons de New Ross et entre les ruelles de Wexford. Je me suis laissée porter par les hasards irlandais et les doux paysages de l’Est lunatique sur la péninsule de Hook.
Enfin et surtout, parce que Kay est une parfaite hôtesse ! Disponible, gentille et drôle, elle fait tout pour que l’on se sente bien chez elle tout en respectant le besoin d’intimité, de solitude ou de conversation de chacun. Téméraire, généreuse et impertinente, elle n’est jamais avare d’aventures à proposer… Kay a vécu si loin de l’Irlande et pendant si longtemps qu’elle ne connaît presque rien de son propre pays, elle explore sa région natale en même temps que ses voyageurs curieux à qui, s’ils sont sans carrosse comme moi, elle propose des virées dans sa petite auto rouge.
Ainsi, avec Kay, j’ai été cueillir des roses, des laitues et des radis dans le jardin de son amie Rosin dont la maison aux quatre vents donne sur la mer de Duncannon. Avec Kay, j’ai découvert la péninsule de Hook sur laquelle s’élève le plus vieux phare d’Europe. Avec Kay, j’ai brunché au marché artisanal qui se tient dans les anciennes écuries du Chateau de Dunbrody. Avec Kay, j’ai bu un thé sur les bords de la Barrow River où les voiles du Dunbrody Ship ont été reconstituées pour le souvenir des ancêtres de Kennedy. Avec Kay, j’ai visité la propriété de la famille irlandaise de ce même président où il s’est rendu quelques mois avant de se voir ravir son dernier souffle. Avec Kay, j’ai accosté les rives de Bannow Bay où ont débarqué les premiers Anglo-Normands huit siècles avant nous. Avec Kay, j’ai arpenté les rues à colombages de Wexford qui respirent l’air iodé de la Mer d’Irlande.
Avec Kay, nous avons voyagé, nous avons rigolé, nous avons cuisiné, nous avons parlé de la vie, du monde, de l’Irlande, de la France, de nos petits tracas et de nos grands bonheurs.
Avec Kay, à vous je peux le dire, je me suis fait une nouvelle amie !