VOYAGEUSE INTEMPESTIVE – PLAN AMÉRICAIN #2

Ça fait 4 ans que je n’ai pas pris l’avion, 5 que je n’ai pas traversé l’Atlantique. Jusqu’à Berlin, mes explorations étaient devenues plus locales.
Ça fait 5 ans que ma copine Hannah d’Alaska me demande la date de mon prochain séjour chez elle… j’ai eu quelques excuses internationales : covid, confinement, vaccins… puis le manque de temps… puis le manque d’argent…
Mais, surtout, quelque chose de plus grand me retenait : le fait de prendre l’avion… Je ne sais si je me posais moins de questions il y a cinq ans ou si le fait de prendre un avion pour aller quelque part sur un temps très long me déculpabilisait ? En tout cas, aujourd’hui, je ne fais plus ce choix à la légère.
Entre temps, je suis devenue végétarienne, je limite encore plus mes trajets en voiture et je ne prends plus l’avion pour aller en Europe, si bien que cela fait plus de 4 ans que je ne suis pas montée dans un avion.
Ainsi, quand ma copine Hannah d’Alaska m’a annoncé qu’elle avait accouché de son 2nd enfant et m’a demandé quand est ce que je venais le rencontrer, le dilemme coupable de l’avion a repointé son nez…
L’appel du large se faisait plus urgent, l’envie de revoir mes amies internationales s’imposait plus joyeusement.
C’est alors que la négociation intérieure a commencé… Parce que lorsque j’ai réalisé que j’allais augmenter considerablement mon travel count – c’est comme le body count mais avec l’avion – et atteindre mon quota annuel de CO2 juste en traversant l’Atlantique, il m’a fallu le rentabiliser… combien de temps ? Qui ? Comment ? 3 semaines était le temps minimum que je pouvais m’accorder en équilibrant ma culpabilité.
Qui avais-je le temps de voir en 3 semaines ?
Hannah était prioritaire bien-sûr.
La 2nde étape du trajet est rapidement devenue une évidence : Montréal, pour retrouver Catherine, ma « pen pal » depuis mon séjour là-bas en 2018. Je n’avais pas pu intégrer nos retrouvailles à mon road-trip pré-covid, il était temps de remédier à cela…
Mon dilemme hamletien s’est finalement résolu, la joie indicible de revoir mes amies, l’appel indescriptible de l’ailleurs et le poids raisonnable de ma culpabilité s’equilibrant les uns les autres.
Je prends donc l’avion ! Cette fois-ci…
car je rêve déjà à la prochaine fois où je trouverai un moyen plus en accord avec mes valeurs pour aller à l’autre bout du monde, où je vivrais une aventure de plus pour réinventer mes voyages.
Oui, à peine partie je pense déjà à la prochaine fois…
J’avais oublié cette fièvre de l’inconnu, cette piqûre de l’ailleurs, cet appel du lointain, j’avais oublié le papillon qui palpite dans mon cœur à l’idée de partir plus loin.Et alors que je fais la queue pour embarquer, je le sens qui frétille à tire d’ailes. Tout mon corps retrouve les sensations perdues, chaque parcelle de cellule est chargée d’électricité instatique.C’est comme me prendre un shoot d’extasie.
J’ai soif d’aventure, j’ai faim d’inconnu, je m’envole loin. Cette fois-ci littéralement. Mais la prochaine fois, que ce soit en montgolfière ou à dos de raie manta, je m’envolerai toute autant, droguée à l’adrénaline du voyage, mais sans rajouter 2 tonnes de CO2 à mon travel count.
Justine T.Annezo – 22 juillet 2025, Paris GMT+2