Into the wild

VOYAGEUSE INTEMPESTIVE – PLAN AMÉRICAIN #6

Après maintes tribulations et préparations, je quitte mon port d’attache Alaskien, je dis adieu au vivant foyer d’Hannah mais je ne signe pas encore mes au-revoirs avec mon amie.

Nous voguons ensemble vers de nouvelles aventures. Nous partons en camping. Sauvage car tout est sauvage en Alaska, mais grand luxe tout de même, car nous partons avec notre Camper sur le dos.

Nous prenons la route pluvieuse vers la Péninsule de Kenaï qui, la première, a accueilli mes vagabondages en Alaska. Je reconnais la route panoramique entre monts et mers, la pointe du Béluga ou de la baleine blanche, sous le même ciel brumeux qu’à chaque fois que j’y suis passée. Les paysages sont beaucoup plus verts et éternellement enneigés que dans mon souvenir.

lac kenai

Découvrir mes premières explorations à Seward, sur le péninsule de Kenaï

Jusqu’au tournant qui me porte de l’autre côté, inconnu, de la péninsule, le long de la Kenai River, d’un vert magique presque bleu. Je découvre alors les cimetières des forêts qui brûlaient lors de mon dernier séjour. Ces feux interminables qui nous enfumaient au point de nous enfermer. Et devant ce paysage désolé, je pense aux feux qui ravagent mon pays, à la chaleur qui brûle ma famille, reconnaissante de la fraîcheur bienveillante du Nord du monde. Et devant ce paysage désolé, je me concentre sur l’espoir porté par les « fireweed« , ces herbes sauvages dont les racines sont si profondes qu’elles sont les premières à renaître de la cendre, promesse d’une résurrection plus globale.

Nous atteignons finalement la pointe dont les noms de villes aux consonances russes – Nikiski, Salamatov, Soldotna, Kasilof – rappellent les premières arrivées russes du XVIIIeme siècle.

pêche kenai river

Arrivée à destination, nous testons le saumon, véritable objectif de cette escapade : nous allons pêcher, à la ligne ou à la mouche (je ne saurais dire, je ne suis pas spécialiste et malgré tous les termes techniques appris en anglais, je n’ai pas suffisamment la maîtrise du hameçon pour les traduire), afin d’assurer les réserves en poissons de la famille pour l’hiver. Nous allons pêcher dans l’une des rivières les plus réputées au monde (au moins dans l’univers très fermé des pêcheurs), puisque ce sont dans les courants miroitants de la Kenai River que l’on trouve les meilleurs King Salmon, aujourd’hui espèce protégée.

kenai river

Pendant deux jours, je vis, sous un autre angle, la vraie vie Alaskienne d’Hannah. Pendant deux jours, plus que je n’y participe, je regarde le spectacle de la danse aussi gracile que gracieuse des lignes qui s’envoient en l’air, sur un rythme coordonné, contre le vent, dans un mouvement rond et large. Veillant toujours à avoir une bière à la main et une amie sous le bras. Je regarde plus que j’y participe car je ne suis pas équipée pour un tel ouvrage : salopette et chaussures waterproof sont de mise, les pieds dans l’eau et le cœur à l’ouvrage. Qu’importe, le spectacle est joli sur la rive, surtout en compagnie d’une amie riante et blagueuse.

kenai beach

Après une dernière excursion à la plage pour aller à la pêche aux pierres précieuses cette fois-ci, ma dernière nuit Alaskienne m’attend. Eternelle comme toutes les nuits estivales sur la dernière frontière.

Au coin de mon dernier feu de camps, j’embrasse pleinement ce jour de nuit. Rassasiée du caractère indompté de l’Alaska. Au plus près de la sensation qu’elle est l’un des derniers bastions où l’humain n’a pas encore tout exploré. Où la terre nous réserve encore des mystères. Où la planète a encore de la ressource pour se défendre contre nos attaques intempestives.

Au coin de mon dernier feu de camps, j’embrasse pleinement ce jour de nuit. Émue des nouveaux souvenirs glanés auprès d’Hannah. La prévenance de son mari, Jager, pour que je me sente bien. La pierre spécialement récoltée pour moi par l’aîné, Charlie. Le sourire infini de son petit Johnny. L’humour tranchant et juste de mon amie, source de nombreux rires partagés à tue-tête. Nos moments de silence et nos heures de partage pour faire le plein de ce qui compose nos vies respectives.

Emplie de la promesse de nos prochaines retrouvailles à l’autre bout du monde ou dans le mien, je suis prête à partir. A rentrer chez moi.*

En apprendre plus sur l’histoire de l’Alaska

kenai fireweed

Justine T.Annezo – du 7 au 9 août 2025, Kenai (AK) – GTM-8


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