
Ce mois-ci encore, j’ai l’immense chance de voyager vers ma planète indigo orangé préférée : INDIBLOG. Inspirée spécialement pour cet autre blog, je raconte les deux semaines passées dans les allées vinicoles de l’Aude à converser avec la vigne et je vous invite à vous rendre directement sur la page de mon article : Bacchanales Estivales ; même si je vous en partage ici quelques extraits en exclusivité.
On m’appelait la Mousseigne comme on n’écrirait un poème.
On m’appelait la Mousseigne mais je n’étais que bohème.
On voulait me faire croire que je donnais le pas entre les rangées de raisins à peine bourgeonnés. On voulait me faire croire que j’étais la maîtresse femme de cet alignement de ceps dont je ne connaissais pourtant que le fruit qui emplissait mon ballon de rouge lors de soirées mémorables et inoubliées. On voulait, après tout et était-ce un crime, me faire rêver à un autre temps. Alors que les femmes travaillaient aux champs, habillées de leurs longues jupes brunes couvertes d’un tablier usé et sale. Alors que l’on parlait un autre français, l’Occitan d’ici, trop au sud pour être adopté en Terre d’Oïl.
[…]
Mon cœur a changé de pôle, j’honore néanmoins le même Dieu. De Dionysos, Dieu du Théâtre à Bacchus, Dieu de la Vigne, tous deux sont nés de la cuisse de Jupiter ou de Zeus selon que vous soyez Grec ou Romain. Tous deux m’enivrent furieusement. Mes dionysies théâtrales sur les planches ont procuré une telle ivresse à mes rêves, il est vrai. Tombant amoureuse au balcon, devenant politique en 1940, grandissant sous la peau de mes personnages, vivant toutes ces vies que je n’osais m’accorder. Pendant un instant fugace, j’étais ivre de cette fausse réalité qui était la seule à importer.
Mes bacchanales estivales, elles, m’étourdissent.
[…]
Mon cœur a changé de pôle, j’honore néanmoins le même Dieu. Et quel Dieu ! Le plus libre, le plus téméraire, le plus joyeux, le plus exutoire. Ô Dionysos, où te caches-tu en ces temps troublés où l’on t’enferme pour l’été ? Je viens à toi, je tente de communier par cette vigne qui te fait notre autre Dieu, je tente de réanimer ton âme pourrissant entre les planches mortes et abandonnées, je tente de te ramener à tous les saltimbanques amputés qui ne pourront pas t’honorer cet été.

Justine T.Annezo – 7 juin 2020, Carcassonne – GMT+2
Une réflexion sur “Bacchanales estivales”