
Aussi longtemps que dure sa période d’exploration et d’aventure, la voyageuse n’appartient à rien ni à personne – elle est le centre du monde qu’elle arpente, le lieu d’où tout part et converge.
Les femmes aussi sont du voyage | Lucie Azéma
Glendalough et son souvenir mystique représentent pour moi un sentiment doux et désespéré à la fois. Mettre mes pas dans la brume, au milieu des ruines d’un monastère, un matin de juillet il y a six ans, fut un moyen de me reconnecter à moi-même loin de la cohue dublinoise et des doutes de la scène. Le brouillard avait doucement laissé place à un soleil éclatant, levant le voile, l’espace d’un instant, sur toutes les pensées incertaines qui me limitaient. J’étais dans un havre de paix intime et ressourçant. A Glendalough pourtant, demeure l’une des mémoires les plus cuisantes de ma solitude, du manque d’amour qui me coupait le souffle. En remettant mes pas dans cette même bruine aujourd’hui, passant à côté de la fontaine de mon désespoir, je mesure le chemin parcouru depuis. La jeune fille d’alors était percluse de peurs, elle était aveugle croyant y voir clair. J’ai de la compassion pour cette jeune fille que j’étais, je me sens soulagée et surtout, je me sens prête. Prête pour la vie. Et tout ce qui la compose. De bonheurs surtout, car j’ai toujours été prête pour ce qui la compose de souffrances. Ainsi, je connais le sens intime de cette liberté après laquelle je courrais compulsivement. Elle n’est plus un concept mais bien une incarnation. Je réalise alors avoir accompli quelque chose qui paraissait parfaitement impossible à la jeune fille d’il y a six ans.
Je suis sincèrement et très simplement heureuse.

Justine T.Annezo – 11 avril 2022, Glendalough – GMT +1