Roman Photo Irlandais – Jour 7

Rêver de l’ailleurs, et chercher à sentir l’épaisseur du monde, suppose de se dépouiller quelque temps de l’ici, de toutes les pensées corrompues par l’usage. […] Cet exil intime m’a poussée vers l’ailleurs et m’a donné le goût du voyage. Ce sentiment structurant qu’est celui de n’être que soi, de vivre dans l’intimité de son propre univers, permet de s’ouvrir à l’Autre de manière plus libre, plus authentique, plus empathique. Une fois que vous êtes partie, le voyage contribue lui aussi à faire de vous un être composite et unique.

Les femmes aussi sont du voyage | Lucie Azéma

Était-ce un instant ? Était-ce une éternité ? Change-t-on plus en l’espace d’une semaine de voyage qu’en l’espace d’une semaine de sédentarité ? Est-ce une illusion ? J’ai placé des « pin-point » sur ma chronologie personnelle, des repères d’évolutions et de souvenirs. Ai-je réellement changé toute cette semaine ou ai-je seulement fait le constat de combien j’avais changé depuis la dernière fois ? De combien j’étais la même depuis la première fois ? Je m’apprête à embarquer et je me sens confuse. Comme si j’avais superposé des papiers calques dont les contours se sont dilatés, ont légèrement « shifté« . Comme une tentative de faire coïncider des choses qui n’existent plus. Vouloir acheter une Ring of Claddagh de façon compulsive ou pour remplir un vide (toujours ce foutu vide!), pour retourner à la version précédente de moi-même, plus naïve et libre à un endroit, mais surtout plus égarée et irréelle ? Ou alors, et cela, c’est certain, mettre beaucoup trop de réflexion où cela n’est pas nécessaire. Ou alors, et cela, c’est certain, le moyen n’était pas opportun pour tisser un nouveau pacte avec moi-même. Je m’apprête à m’envoler avec ce sentiment de manque que je connais si bien. En cela, je suis toujours la même et je voudrais pouvoir me libérer de cette prison intérieure. De cette absence qui m’étreint malgré moi quand je ne le voudrais pas. Ainsi, j’étais belle et bien en quête, et certainement pas « d’une glace à la framboise par une chaude journée d’été ». Et comme le roi Arthur dans son épopée du Saint Graal, je reviens bredouille. Au moins sur ce que je vois. Car il y a tout l’invisible qui recèle de mystère et que je ne sais pas…

Justine T.Annezo – 16 avril 2022, Dublin Airport – GMT +1


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