
Le Pays Cathare est une terre chargée de légendes et d’Histoire à l’origine d’une réelle fascination quand j’étais enfant. J’ai de vagues souvenirs d’être allée visiter des chateaux forts avec mon père (j’avais même reçu un diplôme de chevalier !) et ma mère a toujours nourri une passion incroyable pour les Cathares qu’elle m’a certainement indirectement transmise.
Pourtant, comme beaucoup de choses liées à mon pays, je m’en étais quelque peu éloignée ces derniers temps, allant chercher mon mystère au loin sur les terres celtiques, oubliant que la terre voisine ouvrait aussi une porte sur l’Ailleurs insondable. Comme quoi (et on se le répète en boucle pour essayer de trouver du bon à cette crise sanitaire), cette immobilité à moitié forcée, à moitié choisie, ouvre le champs des possibles.
Pour ma part, elle me réconcilie avec mes rêves de chateaux forts de petite fille que je peux maintenant regarder avec mon regard d’apprentie historienne et mon âme de sorcière illuminée.
Pour ma part, elle m’amène au-devant de cette quête fantasmée d’enfant et m’intéresse aux places légendaires entre toutes les légendes, aux lieux mystiques entre tous les mystères, aux endroits énigmatiques entre tous les secrets à travers cette rubrique sur l’Aude ésotérique et tellurique.
Partant de ce postulat, quoi de plus naturel que de commencer par la reine des mystères, par la plus nébuleuse de toutes et vous parler de mon escapade à RENNES LE CHÂTEAU, haut lieu mystique de la région !

Avant d’aller à Rennes Le Château, j’en avais beaucoup entendu parler et j’avais aussi lu quelques anecdotes… Les montres qui s’arrêtent, les accidents alentours, etc… J’étais donc préparée à une décharge énergétique digne d’une nuit de Samhain, d’un jour de Beltaine, de la résurrection de Jésus et de l’arrivée de Mahomet réunis ! Et je dois avouer avoir été quelque peu « déçue »… Disons que, soit j’étais fermée ce jour-là, soit les énergies étaient tellement subtiles qu’elles n’agiront peut-être jamais ou ne feront effet que dans très longtemps, parce que je n’ai rien senti du tout ! Peut-être que le vent avait balayé toute réceptivité, ou alors que la saison touristique avait brouillé les radars, ou peut-être que c’était tout simplement pas mon jour…
Malgré ce néant, j’étais cependant très heureuse de découvrir ce petit village perché avec la branche féminine et maternelle de ma famille, ma mère et mes deux sœurs – j’avais l’intime conviction que cela faisait partie de ce voyage initiatique commencé il y a maintenant près de quatre ans – et dont je suis heureuse de vous partager l’énigme aujourd’hui.
Le site de Rennes-Le-Château est occupé par l’Homme depuis la nuit des temps : les préhistoriens étaient là, en attestent de nombreuses fouilles. Lorsque l’Histoire bascule du côté de l’Antiquité, le village devient le refuge du peuple celtique Redones qui fait de Reda la capitale de son Pagus Redensis. Les Romains aussi passent par l’oppidum gaulois, effaçant les vestiges celtiques, même s’ils font essentiellement de Rennes Le Château un lieu de guet (on les comprend vu le panorama à 360°).

A partir de la deuxième partie du VIème siècle, alors que les Wisigoths mènent leur propre Guerre des Gaules et sont finalement chassés hors de Toulouse par les Francs, l’ancien oppidum de Rhedae accueille les Germains en déroute, faisant du village une place stratégique qui leur permet de garder le contrôle de la frontière pyrénéenne. Mais il ne fait définitivement pas bon vivre pour eux dans le Sud de la France, puisque les Sarrasins les foutent dehors en les prenant à rebours. La piton rocheux revient aux mains françaises après la reconquête de Charlemagne.
Pourquoi ce détail Wisigoth me direz-vous ? Je pourrais directement passé au grand mystère qui habite Rennes et vous épargner l’Histoire de France depuis les origines ! Mais ce détail Wisigoth à son importance, n’allez pas vous imaginer que je suis juste bavarde ! Parce que les Wisigoths seraient les premiers détenteurs du trésor légendaire dissimulé dans les sols de Rennes (qui pour une raison mystérieuse fait étrangement écho selon moi à l’insaisissable Or de Toulouse) et dont je m’apprête à vous parler plus amplement.
Un léger détour cependant qui aura son importance pour la suite.
Après la reconquête de Charlemagne qui place la région sous le règne comtal, le village est au fait de sa puissance. Mais dès le Xème siècle, au prise entre les comtes de Carcassonne et ceux d’Aragon, Rhedae entame un lent déclin qui verra son apogée avec la destruction de la cité par l’armée du roi d’Aragon en 1170.
Quelques dizaines d’années plus tard et au siècle suivant, le village subit bien-sûr les affres de la Croisade des Albigeois, bien qu’il n’en soit pas fait mention dans les archives ; il fut en effet pris par les troupes de Simon de Montfort, signant la fin définitive de sa puissance.
Je vous passe les guerres de religions du XVIème siècle, la destruction du château par les huguenots et la reprise en main du bourg par la famille seigneuriale Hautpoul. Passons aux choses sérieuses : le lien impénétrable entre la cité et Marie-Madeleine matérialisée par la reconstruction de l’église en son honneur par l’abbé Bérenger Saunière.

Pour ceux qui l’auraient oublié, Marie-Madeleine fut une disciple de Jésus, récemment et officiellement reconnue par le Vatican, notamment par la célébration de Saint Marie-Madeleine le 22 juillet. Elle serait l’amalgame de trois personnes différentes, Marie de Magdala (signifie la « Tour »), Marie de Béthanie (signifie la « maison d’Anne ») sœur de Lazare et de Marthe, et Marie-Madeleine la prostituée qui lave les pieds de Jésus. Ce qui est sûr, c’est qu’elle fut témoin de la Crucifixion et la première à recevoir au matin de Pâques l’annonce de la Résurrection.
La légende raconte alors que Marie-Madeleine aurait trouvé asile en Provence après avoir débarquée aux Saintes Marie de la Mer. Certains érudits prétendent même que La Naissance de Vénus de Botticelli serait une représentation symbolique de son arrivée en terres gauloises. Elle aurait occupé pendant 30 ans une grotte du massif de la Sainte Baume pendant qu’elle évangélisait la Provence. A sa mort, elle aurait été enseveli à Saint-Maximin.
Mais cette histoire est contestée par certains, Marie-Madeleine se serait en fait réfugiée dans d’autres hauteurs et la véritable tombe se trouverait ailleurs. Au creux de Rennes Le Château par exemple… D’ailleurs Pierre Plantard, auteur du Serpent Rouge, raconte dans son essai sa quête de la tombe mystérieuse en Terre Cathare.
Si Plantard a imprimé ses fantasmes, l’Abbé Bérenger Saunière, en homme d’Eglise, les aurait inscrits dans les pierres d’un lieu de culte. La bâtisse fut d’abord la chapelle des seigneurs de Rennes, puis elle devint l’église paroissiale qui fut rénovée à la fin du XIXème siècle par l’Abbé Saunière avec des fonds mystérieux qui ont défrayé (et défraient toujours aujourd’hui) la chronique de l’époque. Toutes les hypothèses ont été imaginées : l’Abbé avait-il trouvé l’Or du Diable caché dans la montagne de Blanchefort, ou bien avait-il découvert la porte du tombeau des seigneurs mentionné dans les archives de la ville dont personne n’a jamais trouvé l’entrée, ou alors était-ce le fameux trésor perdu des Wisigoth, ou encore le Trésor des Templiers, ou enfin celui des Cathares ? Nul n’a pu répondre à cette question, même le procès dont il a été l’objet en 1910…

L’église dédiée à Marie-Madeleine est en-elle même est remplie d’énigmes, dont la plus surprenante est le Diable qui garde l’entrée. En réalité, le village tout entier est une ode à la figure énigmatique de la Sainte : l’église Sainte Marie-Madeleine, la villa Bethanie dans laquelle il n’a jamais habité et qu’il a léguée à sa « gouvernante » (leur relation a fait coulé beaucoup d’encre…) et la tour Magdala, au sommet de laquelle on monte par 22 marches et qui nous offre un panorama grandiose sur les environs cathares ; de cette tour, la Sainte se présenterait à qui de droit le moment venu pour révéler le lieu de sa vraie tombe, recelant le véritable trésor… Que l’Abbé aurait peut-être déjà découvert et ce serait la raison d’être de ce village : il aurait en effet trouvé un document codé en 1885, apportant la preuve que Marie-Madeleine est le Saint-Graal et qu’elle aurait enfanté l’Initiatrice de la dynastie mérovingienne ; ce parchemin dévoile le lien sacré entre Jésus et Marie-Madeleine.
Cette vérité cachée serait d’ailleurs, selon certaines autres légendes, l’une des croyances secrètes des Cathares, celle-là même qui aurait réellement justifié leur massacre par l’Eglise de Rome.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le personnage de Marie-Madeleine, je vous invite à vous rendre sur le blog d’Osé Âme qui lui présente le personnage et en explique toute la symbolique en ce jour de fête de la Marie-Madeleine.

Vous l’aurez compris, Rennes Le Château est un lieu où l’Histoire et la Légende s’entremêlent sans jamais nous donner le fin mot de l’histoire… Des chercheurs d’or sont venus par centaines dans les années 1960 afin de trouver les restes du trésor de l’Abbé Saunière, dont ce dernier aurait laissé une carte au trésor à travers les énigmes de son église, si bien que la municipalité a été obligée de mettre un panneau d’interdiction de fouille à l’entrée du village… Ils sont fous ces Gaulois !
Aujourd’hui, les secrets non élucidés autour de la légende de la bourgade sont toujours porteurs d’une quête de vérité intemporelle qui réside dans les tréfonds de la Terre et dont les énergies vibrent entre les pierres, fusionnées aux polarité du Mont Bugarach voisin, lui-même source de mystère et hôte de mes aventures prochaines…

PS : Si ces récits légendaires vous ont mis l’eau à la bouche, je vous invite à découvrir Marie-Madeleine, le Livre de l’Elue, roman de Kathleen McGowan. Ses mots m’ont pour l’heure fait voyager à travers le mystère de Rennes Le Château plus que lorsque j’en battais le pavé.
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